La bataille de Villers-Bocage () est une confrontation entre les troupes britanniques et allemandes en Normandie pendant la Seconde Guerre mondiale.
Au matin du , des éléments d'un bataillon de blindés britannique et un bataillon motorisé de la 7e division blindée s'approchèrent de Villers-Bocage par le nord-ouest. Le SS-Obersturmführer allemand Michael Wittmann
arrivé tout juste la veille s'était installé avec six chars à l'est de
la ville. Au cours de ce qui fut l'une des actions les plus offensives
menées par une petite unité au cours de la Seconde Guerre mondiale, il
chargea la colonne britannique avec son char, engageant à bout portant
les véhicules britanniques avant de longer et de traverser les lignes
britanniques dans le village. Les autres chars de ce petit groupe
allemand détruisirent d'autres véhicules britanniques. Les pertes
matérielles britanniques furent importantes.
Cette bataille fut importante non pas par le nombre des troupes
engagées, mais par le fait qu'elle mit fin à la possibilité de prendre
la ville de Caen dans les premiers jours de la bataille de Normandie. Caen était un objectif qui devait être pris dès le jour J () par la 2e armée
britannique. La prise de Caen et des ponts sur l'Orne par les troupes
britanniques aurait donné aux alliés une position plus solide sur le
flanc est du front de Normandie.
Le char Tigre commandé par Wittmann attaque à neuf heures. Quelques minutes plus tard, sur la route de Caen, il détruit trois blindés britanniques : un Sherman Firefly, un char Cromwell
et un autre blindé. Il continue sa route vers le village de Villers
sans s'arrêter et en attaquant les véhicules blindés légers de la
brigade de fusiliers britanniques. En tout, Wittman, son équipage et son
char détruisent dix half-tracks, quatre Universal Carrier,
deux transports de troupe, deux canons antichars de six livres, trois
chars légers Stuart. Entré seul dans Villers-Bocage, il détruit trois
des quatre Cromwell qui avaient pris position face à la ferme des
Lemonnier.
Dans la rue Clemenceau, il détruit deux chars Sherman de commandement de la 5th Royal Horse Artillery avant de détruire une scout car
et un nouveau half-track. En arrivant sur la place Jeanne-d'Arc, il se
retrouve nez à nez avec un Sherman Firefly commandé par le sergent
britannique Lockwood du groupe B. Le Firefly était un des rares chars
alliés capable de détruire un Tigre de face avec son canon de 17 livres.
Le char britannique tira quatre coups dont un toucha la coque du Tigre.
En réponse, le Tigre tira à son tour mais manqua sa cible. Cependant,
le coup toucha un mur qui s'écroula sur le Sherman l'empêchant de
poursuivre le combat. Witmann effectua un demi-tour avec
son char
légèrement endommagé et reprit la rue Clemenceau.
Alors que Wittman était en train remonter la rue du village, la
chenille gauche de son Tigre fut atteinte par un obus antichar de six
livres ce qui le força à s'arrêter dans la rue devant le magasin Huet
Godefroy. Il engagea alors les cibles à portée. Pensant que son Tigre
pourrait être remorqué et réparé plus tard, Wittman et son équipage
abandonnèrent le char sans le détruire quittant la zone à pied et se
frayant l'arme à la main un chemin jusqu'à leurs lignes.
Ils finirent par rejoindre le quartier général de la Panzer Lehr à environ 7 kilomètres. Par la suite, 15 Panzer IV du 2e bataillon du 130e régiment
quittèrent Orbois en direction de Villers-Bocage sous le commandement
du capitaine Helmut Ritgen avec pour objectif de bloquer les sorties
vers le nord. Avant d'atteindre leur objectif, ils se trouvèrent pris
sous le feu des canons antichars britanniques qui bloquèrent leur
avance.
Fritz Bayerlein,
commandant de la Panzer Lehr, donna l'ordre aux Panzer IV de reculer et
de se regrouper à l'extérieur de Villers-Bocage. Avec le renfort d'un
détachement supplémentaire de chars Panzer VI stationnés initialement à
Parfouru-sur-Odon, ils attaquèrent à nouveau ; quatre chars par le sud
et dix par la rue Clemenceau. Chacun des deux groupes perdit 2 chars.
Wittmann avait alors rejoint dans son Schwimmwagen le point 213, où il briefa Rolf Mobius, commandant de la 1re compagnie, pour préparer la seconde attaque que le 101e Abteilung se préparait à lancer. Les chars tigre de la 1re compagnie
pénétrèrent alors dans la ville en suivant la route de Caen et
rejoignirent ceux de la Panzer Lehr sur la place du Marché afin de
coordonner et d'appuyer leur offensive.
Les forces étaient distribuées afin d'occuper le village depuis
la rue Pasteur jusqu'à la place Jeanne-d'Arc, sur la rue de
Saint-Germain, la rue Émile-Samson et en direction du croisement de la
rue Jeanne-Bacon et du boulevard Joffre.
Toutefois, la résistance britannique s'était réorganisée et les
Allemands avaient perdu l'avantage de la surprise. Un canon anti-char de
6 livres du 1/7th Queen's, situé dans la rue Jeanne-Bacon, réussit à toucher trois Tigre dont un seul put être réparé.
Les unités britanniques avaient considérablement souffert lors de
l'attaque initiale mais avaient réussi à tenir l'ouest de la ville et
son carrefour crucial. Les Allemands après leur offensive dévastatrice
pour les alliés le matin, conduisirent ensuite plusieurs contre-attaques
sur Villers qui furent pour eux très coûteuses en matériel et en
hommes. Malgré tout, ils avaient maintenu une forte pression sur les
positions de la 7e division blindée qui restaient fragiles.
Les Britanniques pouvaient bénéficier de plusieurs soutiens. Un
observateur d'artillerie américain embarqué put solliciter un barrage
d'artillerie puissant et précis qui brisa l'une des contre-attaques
allemandes. Plusieurs brigades d'infanteries non engagées auraient pu
être utilisées pour renforcer Villers-Bocage mais le commandant
britannique sur place (Hinde) ne demanda pas d'aide. Le commandant
divisionnaire, George Erskine, aurait pu requérir ces brigades mais ne
le fit pas. Ni le commandant du corps, Gerard Bucknall, ni celui de la
seconde armée, Miles Dempsey, ne renforcèrent les unités à
Villers-Bocage. À 16 h, l'officier commandant le 4e County of London Yeomanry ordonna à ses troupes de se retirer de la ville. Il s'agit de l'opération Aniseed.
Ce retrait de Villers-Bocage mit fin à l'espoir pour les
Britanniques de menacer le front allemand au sud de Caen. Les historiens
estiment qu'une opportunité majeure a été perdue, à cause d'une
mauvaise mise en œuvre du plan. Dempsey plus tard nota que « la conduite tout entière de cette bataille fut une honte. »
Erskine et Bucknall furent relevés de leur commandement début
août, après avoir de nouveau échoué à capturer Villers-Bocage et
Aunay-sur-Odon lors de l'opération Bluecoat. Le général de brigade Hinde et le commandant de l'artillerie de la 7e division blindée furent également relevés.
Les pertes britanniques en blindés et véhicules lors de la bataille furent les suivantes :
- 8th King's Royal Irish Hussars : plusieurs Stuart ;
- 4th County of London Yeomanry : 15 Cromwell (10 du A sqn, 4 du RQT et 1 du B sqn), 4 Sherman Firefly (du A sqn), 3 Stuart, 1 half-track, 3 véhicules d'éclairage ;
- Rifle Brigade : 11 half-track, 2 chenillettes Bren, 4 chenillettes Carrier-Loyd ;
- 5th Royal Horse Artillery : 2 Cromwell, 1 Sherman.
Du côté allemand, la Schwere SS-Panzer-Abteilung 101 perdit 6 chars Tigre, mais trois furent ultérieurement réparés. La Panzer Lehr perdit 5 Panzer IV dont 2 purent être réparés également par la suite.
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