lundi 20 avril 2020

Renault R39 du 10eme BCC - Mai/Juin 1940 à l'attaque sur l’axe Menil-Lépinois - Alincourt - Le Châtelet.


 Désigné officiellement "Char léger modèle 1935 R modifié 1939" le R39 est un dérivé du Renault R 35 muni d'un nouveau canon de 37mm modèle sa38

Le char R35 possédait un blindage avant de 43 mm, ce qui était considérable pour l'époque, mais son canon de 37 mm datait de la Première Guerre mondiale et son équipage ne comptait que deux personnes (le conducteur et le chef de char, « un homme à tout faire » devant identifier et tirer sur l'objectif, approvisionner la pièce et guider le conducteur). 
 


Il était doté d'un moteur de 85 chevaux à essence qui pouvait l'amener à une vitesse de pointe de 20 km/h et son autonomie était limitée à 140 km.
Son utilisation tactique s'est révélée déficiente ; au lieu d'engager l'ennemi en grande formation blindée, les attaques étaient menées avec un petit nombre de blindés, en accompagnement de l'infanterie. 




L'armement peu puissant et un équipage insuffisant conduisirent les R-35 Renault, utilisés de manière inefficace, à subir de sérieux revers et de nombreuses pertes lors de la bataille de France en mai-



Historique du 10e Bataillon de Chars de Combat Alpin (BCCA)
  
Le 10e BCCA est créé le 27 août 1939 à Valence à partir du 504e Régiment de Chars de Combat (R.C.C.)
La devise du bataillon est "Droit devant Loin devant"
Cette unité, équipée de 45 chars R 35, aux ordres du commandant Aussenac est rattachée administrativement au 504e  Groupe de Bataillons de Chars de Combat (GBCC) et affectée à la IVe Armée.
27 août 1939
Le 27 août 1939, premier jour de mise en application des mesures de couverture générale et couverture du Sud-Est, le 10e bataillon est mis sur pied : 





Il est stationné à Sarre-Union dans la zone du secteur fortifié de Faulquemont et reste en attente dans cette garnison jusqu’à la création de la 3e Division Cuirassée.
28 août 1939
Enlèvement par voie ferrée de la 3e compagnie (échelon A) du 10e bataillon en gare de Valence à 11h41.
Exécution pour les unités du groupe des mesures prévues au deuxième jour des horaires de mobilisation.

29 août 1939
L’incorporation des réservistes se poursuit normalement dans les cantonnements de mobilisation, ceux-ci ont presque tous rejoint.

30 août 1939
Continuation des opérations d’organisation des unités mises sur pied. Parachèvement de l’habillement des réservistes.
La perception des voitures de réquisition s’est accélérée dans la journée. Il reste à percevoir des véhicules spéciaux, camions de 10 et 15 tonnes, des tracteurs, des motos. Certains de ces véhicules ne répondent pas aux conditions de leur destination, ils devraient faire l’objet d’un échange avec des véhicules plus appropriés.
 
31 août 1939
Suite des opérations de mobilisation. Complètement des unités en hommes et en matériel. Les hommes touchent leurs effets militaires et l’armement.
Le colonel du CHAUCHEZ passe en revue le Bataillon sur un terrain près de Riviers et inspecte le cantonnement à Thodure.

1er septembre 1939
Suite des opérations de mobilisation pour le bataillon.

2 septembre 1939
Premier jour de la mobilisation générale, les réservistes convoqués arrivent et rejoignent leur cantonnement.

3 septembre 1939
Embarquement et enlèvement par voie ferrée en gare de Valence :
- d’un premier train transportant la 1ère compagnie, l’E.M. du groupe, le complément de la 3e compagnie partie ensemble échelon A.
- d’un deuxième train avec la 2e compagnie.
 
4 septembre 1939
Embarquement et enlèvement par voie ferrée de la compagnie d’échelon.
La section de transport rejoint par voie de terre.

 
6 septembre 1939
Arrivée à Petit-Tenquin de la section de transport qui a rejoint par la route après une halte à Mâcon.
8 septembre 1939
Le 10e bataillon est mis à la disposition de la 4e DINA,  
Le PC du bataillon se trouve à Guebenhouse.
Les unités du bataillon devant être engagés reconnaissent et rejoignent en fin de journée leur position de départ pour l’attaque du lendemain.

9 septembre 1939
Partant de la frontière, le XXe C.A. agissant en direction de Saralle-Saint-Ingbert a pour mission d’attaquer en force par son centre le rentrant d’Auersmacher entre Sarre et Blies en vue de s’emparer des observatoires importants, de ce mouvement de terrain, de préciser le contact et de s’assurer une meilleure base de départ pour les opérations ultérieures.
Il n’y a pas eu de chars allemands sur le terrain le 9 septembre mais des chars français pris pour des chars ennemis ont été tirés par des canons de 25 français sans grand dégâts.
   
10 septembre 1939
Le 10e bataillon n’est pas engagé.
P.C. du bataillon à Gebenhouse.

11 septembre 1939
Le 10e bataillon occupe toujours les mêmes points.
 
12 septembre 1939
La 2e compagnie  rejoint en fin de journée le bois Bliesbruck en réserve de C.A.

13 septembre 1939
Le XXe C.A. reçoit comme mission de se maintenir solidement sur les hauteurs Spicheren – bois de Saint-Arnual, et de continuer à progresser à l’Est de la Sarre, en direction générale Frauenberg – Ormesheim – Rohrbach, en vue de s’assurer la possession des observatoires de la crête sud de la coupure Fechingen – Ormesheim et la région du Holschberg.
La position à occuper en fin d’opération qui lui est fixé englobe :
- Stiring-Wendel
- les hauteurs de Spicheren
- la crête du bois de Saint-Arnual
- la croupe 298 (N-O de Hanbush)
- le Birnberg
- le Hinterwald
- l’Uberwald
- le Koppelberg
- le Kirchenwald.
La 2e Cie du bataillon fait un mouvement et s’installe à Reinheim.
Les chars disponibles en fin de journée sont :
- 1ère Cie : 15 chars ;
- 2e Cie : 13 chars ;
- 3e Cie : 14 chars ;  

14 septembre 1939
Pas de changement pour les points de stationnement du bataillon.
L’état des chars disponibles est de 44.
 
15 septembre 1939
Pas de mouvements ni opérations effectuées.

16 septembre 1939
Remaniement dans le dispositif des chars : le bataillon F.C.M. n°4 au groupe 510 en réserve d’armée à Loudrefing, remplace le 10e bataillon à la disposition de la 4e D.I.N.A. sous réserve qu’il ne sera pas employé sans autorisation de l’armée.
Le 10e bataillon passe en entier à la disposition de la 21e D.I.






12 mai 1940
La 1ère compagnie du 10e B.C.C. en stationnement à la ferme Schneckenbrüll est alertée à 11 heures par le général commandant le D.A.R.O. en raison d’une poussée allemande accompagnée de violents tirs d’artillerie.
La compagnie prend une position d’attente dans le Kehlwald (1 km au sud de Hundling).
A 21 heures, la 1ère compagnie regagne les bois de Schneckenbrülh.
L’attaque allemande a progressé jusqu’au ruisseau de Lixing.
Les postes avancés du D.A.R.O. ont été enlevés.
Le C.A. n’a pas assez de réserves pour reprendre le terrain perdu. Les chars n’ont pas été engagés.
13 mai 1940
Le capitaine TANCREDI reprend son emplacement dans le Kehlwald.
Le 15 et mai 1940, le bataillon participe avec la 3e DCr à la bataille de Stonne et même si l’ensemble des documents officiels n’en font pas état, nous noterons son action au départ d’Artaise vers Stonne le 16 mai, ses combats contre les panzers allemands le 16 et 17 au nord puis à l’ouest de Stonne au cours desquels le bataillon sera très éprouvé.
18 mai 1940
Le 10e B.C.C. reçoit l’ordre de se préparer à embarquer en chemin de fer à la gare de Léning.
Les véhicules sur roues partent par voie de terre, destination inconnue.
Débarquement à Consenvoye (Meuse).
Le 20 mai 1940, les restes du bataillon débarquent par V.F. à Rozières et Crécy. L'unité compte maintenant dans les effectifs de la 6e demi-brigade et s’illustre lors de la bataille de Crécy sur Serre puis, à l’issue de ce combat, se replie avec la Division sur la ligne Le Chesne – Oches -Sommauthe où elle panse ses plaies et remet en état le matériel qui lui reste.

23 - 24 mai 1940
Intervention dans  la zone Saint-Pierremont – Sommauthe en soutien des troupes coloniales.

Le 26 mai 1940, le bataillon se trouve en soutien des 35e et 36e divisions d’infanterie au nord de Oizy pour participer à ce qui est rapidement qualifié de "bataille de l’Aisne".






Le 1er juin 1940, on retrouve le bataillon entre Briquenay et Vouziers à Longwy.
7 juin 1940
Le bataillon gagne la région de Sémide. Il est intégré dans le Groupement Buisson.
Le 8 juin 1940, détaché à la 7e DLM, elle-même mise à la disposition du Groupement Buisson, le bataillon regagne les environs de Machaut en vue d’une offensive sur Rethel. Une attaque faite le 9 contient l’ennemi qui traverse toutefois l’Aisne dans la nuit du 9 au 10.

Le 10 juin 1940, regroupé au sud de la rivière Retourne, le 10e BCC attaque sur l’axe Menil-Lépinois - Alincourt - Le Châtelet mais est pris à partie par l’avant-garde de la 1ère Panzers. Les combats tournent à l’avantage des Allemands. Usés, ils doivent marquer une pause qui permet aux troupes de la 7e DLM de se regrouper à La Neuville. Dans cette affrontement le 10e BCC laissera de nombreux chars, la 2e compagnie est pratiquement anéantie.
La contre attaque ayant échoué la retraite devient inévitable.
11 juin 1940
Repli avec la 3e DCr
12 juin 1940
Combats près de la ferme du Piémont.

13 juin 1940
En position sur la Marne à Drosnay

14 juin 1940
Repli vers Brienne-le-Château puis Châtillon sur Seine.
Les chars restants sont intégrés au 42e BCC.

23 juin 1940
Le bataillon qui avait été rattaché en catastrophe à la 7e DLM le 8 juin en 1940 revient à son dépôt de Valence et constitue le 23 juin une compagnie de marche de chars B dans la région de Bollène où l’armistice l’atteint le 25 juin.
En vertu des accords d’armistice le 10e Bataillon de Chars de Combat Alpin sera dissout fin juin 1940.