Le Panhard AMD-178 est une automitrailleuse fabriquée par la société Panhard destinée à la reconnaissance blindée et utilisée pendant la Seconde Guerre mondiale. L'histoire de l'automitrailleuse de reconnaissance Panhard 178 remonte au début des années 1930 avec la création de la Panhard 165/175.
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
Poids au combat : 8 300 kg Pression au sol : 2.558 kg / cm²
Longueur : 4,79 mètres Largeur : 2,01 mètres Hauteur : 2,31 mètres
Equipage : 4 hommes
Blindage et Armement :
Armement : 1 canon de 25mm SA 34 (150 coups) 1 mitrailleuse de 7,5mm (3750 coups)
Blindage maximum : 20 mm Blindage minimum: 7 mm
Propulsion :
Moteur : 1 Panhard I.S.K. Puissance : 105 CV Puissance spécifique : 13 CV / tonne
Vitesse sur route : 73 km/h
Réservoir : 145 litres Autonomie sur route : 363 km Autonomie tout terrain : 207 km
Production : 500 exemplaires Prototype : octobre 1933
Longueur : 4,79 mètres Largeur : 2,01 mètres Hauteur : 2,31 mètres
Equipage : 4 hommes
Blindage et Armement :
Armement : 1 canon de 25mm SA 34 (150 coups) 1 mitrailleuse de 7,5mm (3750 coups)
Blindage maximum : 20 mm Blindage minimum: 7 mm
Propulsion :
Moteur : 1 Panhard I.S.K. Puissance : 105 CV Puissance spécifique : 13 CV / tonne
Vitesse sur route : 73 km/h
Réservoir : 145 litres Autonomie sur route : 363 km Autonomie tout terrain : 207 km
Production : 500 exemplaires Prototype : octobre 1933
LE 12e
CUIRASSIERS EN 1940
Onze ans se
sont à peine écoulés depuis sa dissolution, que renaît en pleine guerre, le 1er
janvier 1940, le 12e Régiment de Cuirassiers.
Pour
s'adapter à tous les genres de combat, depuis 1668, le Régiment s'est
transformé sans cesse ; au lendemain de la course à la mer, pour tenir sa place
sur un front stabilisé, il a abandonné ses chevaux ; en 1940, c'est encore à
l'avant-garde du progrès qu'il retrouve la vie comme Régiment de découverte de
la 3e Division légère mécanique (3e D.L.M.) aux ordres du
Général LANGLOIS, ancien Officier du 12e Cuirassiers.
Equipé
d'A.M.D. Panhard, de motocyclettes side Gnome-Rhône, il dispose de la puissance
de feu, du blindage, de la vitesse, du rayon d'action nécessaires pour remplir
contre les forces blindées ennemies les missions de découverte et de couverture
qui vont lui incomber.
Il est
articulé en deux Groupes d'escadrons de l'Escadron d'automitrailleuses à 4
pelotons de 5 voitures et de 1 Escadron moto à 4 pelotons de 13 side-cars, soit
16 patrouilles mixtes et un E.H.R. A partir du 10 mai, cette organisation du
Régiment sera du reste modifiée à plusieurs reprises, en raison des pertes
qu'il subira.
Son uniforme
kaki est celui de toute l'armée française avec le casque des motorisés à visière
de cuir fauve. Son étendard avec sa croix de guerre à deux palmes est resté
celui auquel, le 20 janvier 1918 le Général FAYOLLE, à MAYENCE, accrocha la
fourragère.
I - Du 1er Janvier au 10 Mai 1940.
Le 12e
Cuirassiers est formé à MONTLHERY par le Centre d'organisation d'unités
motocyclistes et d'automitrailleuses de la cavalerie.
Il est
composé d'éléments très divers, réservistes pour la plupart, dont beaucoup de
classes anciennes n'ayant reçu que l'instruction de cavaliers à cheval ;
quelques sous-officiers d'active provenant de Régiments mécaniques ; la plupart
des chefs de pelotons n'ont pas trois mois de grade de sous-lieutenant ou
d'aspirant.
Ancien
cuirassier à pied de la guerre 1914-1918, le Colonel LEYER prend le commandement
du Régiment. Il ne tardera pas à insuffler dans le cœur de chacun sa flamme, en
même temps que les plus belles traditions de l'Arme.
Le Régiment
est superbement équipé. Tout le matériel, des automitrailleuses jusqu'au plus
petit détail de l'habillement, est entièrement neuf.
Les délais
de mise sur pied sont réduits et le Régiment n'a pas deux mois d'existence
quand il embarque pour MORTIERS au Nord de LAON, où pendant cinq semaines il va
perfectionner activement son instruction militaire. Là encore les délais prévus
sont réduits : Le 2 mars, le Régiment quitte MORTIERS pour le CAMBRAISIS où la
3e D.L.M. va relever la 1ère D.L.M. Il fait alors partie du Corps de
cavalerie aux ordres du Général PRIOUX, composé des 2e et 3e
D.L.M. et dont la mission, en cas d'invasion de la BELGIQUE, est de renseigner
dans la zone comprise entre HASSELT et LIEGE et de couvrir jusqu'au jour J.5
l'organisation de la position de résistance WAVRE-GEMBLOUX.
II - Du 10 Mai au 8 Juin. Campagne de BELGIQUE et des
FLANDRES.
Le 10 mai, à
7 h 20, au moment où les escadrons partent exécuter un tir en forêt de MORMAL,
sans alerte préparatoire, parvient l'ordre suivant : « L'ennemi a passé la
frontière belge. Exécutez la manœuvre Dyle. »
La
découverte et la sûreté éloignée de la Division sont aux ordres du Colonel
LEYER. Pour remplir sa mission de sûreté, le Régiment a été renforcé des trois
escadrons motos du 11e Régiment de Dragons Portés, de l'escadron
anti-chars divisionnaire et de 3 sections de sapeurs mineurs.
La
découverte a pour mission de renseigner sur la situation de l'ennemi dans le
secteur compris entre HASSELT et MAESTRICHT (inclus) de se relier aux forces
belges qui tiennent le canal ALBERT ; de retarder, le cas échéant, l'avance
ennemie sur les axes HASSELT, SAINT-TROND, TIRLEMONT, MAESTRICHT, TONGRES,
WAREMME, HANNUT.
C'est au
milieu des acclamations d'une foule qui se presse sur leur passage que les
premiers éléments français, les patrouilles mixtes d'automitrailleuses et de
motocyclettes, du 12e franchissent, vers 10 heures, la frontière
belge à PERUWELZ, QUIEVRAIN et BAVAY. A 12 heures, elles ont atteint la ligne
WAVRE - GEMBLOUx (130 kilomètres) où s'installe peu après la sûreté éloignée.
Vers 19 heures, ayant parcouru plus de 200 kilomètres, le détachement de découverte
du Capitaine RENOULT au Nord, celui du Capitaine de MONTARDY au Sud,
surveillent les ponts du canal ALBERT, de HASSELT à MUNSTERBILZEN, et les
routes TONGRES - MAESTRICHT et TONGRES - EBEN-EMAEL dont le fort, nœud de la
défense, est depuis le matin entre les mains des Allemands. A l'Ouest de
MAESTRICHT l'ennemi s'est déjà emparé des deux ponts de WILBRE et MOPERTINGEN.
Le 11, dès 6
heures du matin, les renseignements des patrouilles commencent à affluer. La
situation alarmante de la veille ne s'est pas améliorée. A l'Ouest de
MAESTRICHT les forces ennemies ont franchi le canal ALBERT et poussent en
direction de TONGRES et BILZEN.
Trois
nouveaux ponts sur le canal, ceux d'EIGENBILZEN, GELLIK et LANAKEN sont tombés
aux mains des Allemands. Dans la région Est d'HASSELT la pression s'accentue.
Maîtresse absolue de l'air, l'aviation allemande bombarde et mitraille sans
arrêt, s'acharnant jusque sur les petits éléments. L'armé belge surprise le 10
au matin n'a pas pu se ressaisir. La sûreté éloignée, suivie de près par les
reconnaissances de la 5e Brigade de combat. (5e B.C.)
arrive sur la PETITE GETTE.
En fin de
matinée, au moment où les premiers chars de la 3e D.L.M. arrivent,
la menace se précise sur SAINT-TROND, et TONGRES est déjà aux mains des
Allemands, tandis que, déferlant vers l'Ouest, commence le long des routes
l'interminable exode des réfugiés et des troupes qui lâchent pied. En plus de
sa mission de renseignement et d'action retardatrice sur le front de la 3e
Division légère mécanique ; le régiment reçoit l'ordre de couvrir la Division
vers le nord, dans la région d'OPHEILISSEN - ORSMAAL, jusqu'à l'arrivée du 11e
Régiment de Dragons portés dans la nuit du 11 au 12. Laissant les détachements
du Capitaine RENOULT et du Capitaine de MONTARDY poursuivre leur mission, le
Colonel porte les éléments disponibles à la garde des débouchés de TIRLEMONT,
aux lisières, d'OPHEILISSEM et ORSMAAL.
En fin de
journée le détachement du Capitaine RENOULT tient toujours la sortie Est de
SAINT-TROND en liaison avec des éléments belges.
Celui du
Capitaine de MONTARDY, renforcé par la patrouille du sous-lieutenant PAUMÉ,
couvre la droite de la Division, à l'Est et au Sud-Est d'HANNUT.
La journée a
été chaude. Toutes les patrouilles ont eu de violents engagements avec les détachements
blindés et motorisés qui de TONGRES et BILZEN, rayonnent dans toutes les
directions : Plusieurs d'entre elles, submergées par l'ennemi, ne rejoignent
qu'après s'être fait jour à travers des colonnes blindées.
Il convient,
en particulier, de signaler, la belle conduite des patrouilles des
Sous-Lieutenants de VASSELOT et du CHAZEAU.
Le
Sous-Lieutenant de VASSELOT, qui fait partie du détachement de MONTARDY, a pour
mission de tenir le carrefour kilomètre nord de LENS, jusqu'au repli de la
patrouille du Sous-Lieutenant CHAZEAU. VASSELOT, engagé à fond contre des chars
nombreux, en détruit quatre et en immobilise un cinquième ; il tiendra jusqu'à
l'arrivée de CHAZEAU. A ce moment, automitrailleuses et chars allemands sont à
moins de 50 mètres les uns des autres. La lutte est si serrée qu'au carrefour
la dernière auto-mitrailleuse de la patrouille CHAZEAU heurte, en passant, un
char allemand.
De son côté,
le Sous-Lieutenant du CHAZEAU qui fait partie du détachement RENOUAT, a vu sa
retraite coupée par des colonnes ennemies vers 15 heures. Il ne ralliera que le
lendemain soir après avoir passé 36 heures dans les lignes allemandes. Il ne se
contente pas de se cacher ou de se battre pour s'ouvrir un passage, il profite
de toutes les occasions pour attaquer et semer le désordre dans les arrières de
l'ennemi. C'est ainsi qu'apprenant par des civils que des chars ennemis sont en
train de faire leur plein d'essence à GUIGELOM, il décide de les attaquer.
Debout sur le moteur d'une automitrailleuse, il dirige l'opération. Il détruit
4 automitrailleuses, un char et met le feu au distributeur d'essence, avant que
sa blindée ne soit elle-même détruite par une arme anti-char.
Dans la nuit
du 11 au 12, les éléments qui tiennent la PETITE GETTE à la gauche de la 5e
Brigade de combat, sont relevés par le 11e Régiment de Dragons
portés.
Le Régiment
reçoit la nouvelle mission de couvrir le flanc gauche de la Division sur la
ligne TIRLEMONT. Il s'installe aussitôt, appuyant sa gauche aux inondations de
la PETITE GETTE qui constituent un obstacle sérieux au Nord de la route
SAINT-TROND-TIRLEMONT. Ainsi, au lever du jour, il couvre les deux ailes de la
Division à HANNUT au Sud, TIRLEMONT au Nord, tandis que le détachement du
Lieutenant MORIO qui a relevé dans la nuit celui du Capitaine RENOULT, poursuit
sa mission d'action au nord et à l'est de SAINT-TROND. Le Sous-Lieutenant PROT
y est blessé.
En fin de
matinée, sur la PETITE GETTE, le secteur Nord est calme.
Au Sud, il
n'en est pas de même : avec l'attaque et la prise de GREHEN par les Allemands,
s'engage, de l'aveu même de l'ennemi après l'armistice, la plus grande bataille
de chars de la campagne. Elle durera le 12 et le 13 et s'étendra, peu à peu
vers le nord. La 3e D.L.M. en est l'élément principal. Mordant,
l'ennemi s'infiltre ; il contraint de replier le détachement qui tient les
lisières Est de SAINT-TROND.
A 18 heures,
le contact est pris sur tout le front du Régiment. Des engagements plus ou
moins violents se poursuivront tard dans la nuit, mais nulle part l'ennemi
n'atteindra la voie ferrée TIRLEMONT LANDEN.
Il convient
de signaler la belle conduite de la patrouille du Sous-Lieutenant PAUME
encerclée à l'est d'HANNUT. Avec ses deux automitrailleuses, PAUME n'hésite pas
à attaquer cinq chars légers suivis de motocyclistes, pour ouvrir à sa
patrouille un passage vers le Nord : Au canon, il en incendie deux, tandis que
les autres s'enfuient. Le cercle est brisé les restes de la patrouille ne
tardent pas rallier.
Au soir de
la troisième journée de Combats ininterrompus toutes les unités ont été
engagées. Les pertes déjà sont lourdes, mais aux yeux de tous, ces sacrifices
sont récompensés largement par d'ordre particulier qu'adresse au Régiment le
Général LANGLOIS :
"Le Général Commandant la 3e
Division légère mécanique a suivi point par point la merveilleuse activité des
reconnaissances du 12e Régiment de Cuirassiers. Il adresse à tous
ses félicitations pour leur magnifique entrain, leur bravoure et ce mépris du
danger qui doit animer tout soldat français. Ancien du 12e Régiment
de Cuirassiers, le Général Commandant la 3e Division légère
mécanique, qui a vu à l'œuvre leurs devanciers, est fier de voir les traditions
de son Régiment aussi bien maintenues par tous, cadres et troupe."
HUPPAYE, le
12 mai 1940.
Signé.
LANGLOIS.
La matinée
du 13 reste calme dans le secteur du Régiment bien que le contact devienne à
chaque instant de plus en plus pressant. L'aviation s'acharne sur TIRLEMONT
soumis en même temps à de violents bombardements d'artillerie, et de mines. Par
contre, les nouvelles qui parviennent du Sud sont de plus en plus alarmantes.
Attaqués par des moyens très supérieurs, la Brigade de chars et le Régiment de
Dragons portés de la Division ont subi de lourdes pertes.
A 15h30,
arrive l'ordre de repli sur TOURINNES-LA-GROSSE où le Régiment doit poursuivre
sa mission de couverture du flanc gauche de la Division. Il y passera sa
première nuit calme depuis le 10 mai, derrière les obstacles de COINTET, dont
la ligne est loin d'être continue, du reste, dans ce secteur.
Le 14 au
matin, liant son mouvement au reste de la Division, le Régiment franchit la
DYLE et passe à l'ouest de la position WAVRE-GEMBLOUX sur laquelle le haut
commandement français a décidé de livrer bataille. Il est tout d'abord en
réserve dans les bois de RIXENSART.
En fin
d'après-midi, alors qu'il faisait mouvement pour rejoindre la zone
d'articulation de la Division à SÉNEFFE, il reçoit l'ordre de se porter à
WAGNELÉE en soutien de la position de résistance déjà fortement ébranlée. Il
passe la nuit dans cette localité.
Le 15, il
n'est pas engagé. Au début de l'après-midi, sous de violents bombardements
d'avion, il fait mouvement sur SENEFFE où il passe la fin de la journée.
Le 16, à 0
heure, après le décrochement de la position de résistance, le Régiment reçoit
l'ordre d'assurer la défense, du canal de CHARLEROI entre ARQUENNE et le tunnel
au nord de GODARVILLE et de renseigner en direction de FRASNES LES
GOSSELIES-GENAPPE-NIVELLES.
Poussées à
l'Est de la route BRUXELLES – CHARLEROI jusqu'à COURT-SAINT-ETIENNE, FAUX,
VILLERS-LA-VILLE, MARSAIS, WAGNELÉE, les patrouilles ne tardent pas à prendre
le contact. Sans cesse arrivent des renseignements précieux qui permettent au
commandement de se faire une idée précise de la situation, en dépit de la
confusion que fait régner la horde massive des isolés et des réfugiés qui
refluent de toutes parts. Les patrouilles du Régiment ont pris l'avantage sur
l'ennemi partout où il a été rencontré. Travaillant seules ou en liaison avec
des éléments des 1er et 2e Cuirassiers, leur activité n'a
pas cessé de la journée. Celles du Sous-lieutenant KELLER et de l'Aspirant
ZOBRIST exterminent chacune un peloton cycliste allemand. Celle du Lieutenant
PAUMÉ, au Nord de NIVELLES, s'engage pour permettre le repli de certains
éléments de cavalerie et détruit 2 chars. Immobilisée, l'auto-mitrailleuse du
Maréchal-des-Logis RIGAUDEAU continue la lutte contre des chars lourds
allemands, rendant coup pour coup jusqu'à la mort du dernier membre de
l'équipage.
Dans la
journée du 16, les derniers défenseurs de la position WAVRE-GEMBLOUX se sont
repliés à l'ouest du canal de CHARLEROI que l'ennemi franchit dans la matinée
du 17. Ce jour-là, le Régiment remplit diverses missions de reconnaissance et
d'action retardatrice. En fin de journée des éléments sont engagés dans la
région de CHAPELLE-LEZ-HERLAIMONT pour permettre le décrochage du 11e
Régiment de Dragons portés.
Dissous le
matin, le Corps de Cavalerie a été reformé le soir même.
Le 18, le
Régiment fournit des reconnaissances au profit du 5e Corps d'Armée
(Général de la LAURENCIE) dont les éléments sont installés à l'Ouest de la
route ATH-MONS. Les reconnaissances poussées à l'Est ne tardent plus à prendre
le contact de l'ennemi qui occupe déjà SOIGNIES et progresse en direction de
LENS.
Au soir de
cette journée parvient l'ordre de repli à l'Ouest de CAMBRAI. Rendu difficile
en raison de l'encombrement des routes, de l'obscurité et d'un changement
d'itinéraire reçu au cours de déplacement, le mouvement durera toute la nuit.
Le 19 au
matin, face au sud, le Régiment, en attendant l'arrivée du 11e
Régiment de Dragons portés qui doit le relever, tient le canal de la SENSÉE, de
WASNES-AU-BAC au MOULINET.
L'ennemi est
à CAMBRAI.
En fin de
matinée, le Corps de Cavalerie ayant reçu l'ordre de se regrouper entre DOUAI
et ARRAS en vue de contre attaquer sur SAINT-QUENTIN, confie au 12e
Cuirassiers la mission le renseigner et de le couvrir face à l'Est et au Sud,
en direction CAMBRAI et BAPAUME. A l'Est, les patrouilles ne peuvent dépasser
le canal du Nord dont l'ennemi cherche à déboucher sur les rives Ouest. Au Sud,
sur la route de BAPAUME-PÉRONNE, après avoir dispersé des éléments composés
d'automitrailleuses légères et de motocyclistes, la patrouille du
Sous-Lieutenant PAUMÉ pousse jusqu'à SAILLY-SAILLISEL. Le soir, à elle seule,
elle aura détruit une moto-solo, trois side-cars, une auto-mitrailleuse lourde
à huit roues, un char lourd.
Des éléments
légers ennemis ont déjà à atteint la route PÉRONNE-ALBERT. Au cours d'une
liaison isolée l'automitrailleuse du Maréchal-des-Logis COL aperçoit cinq
autos-mitrailleuses légères ennemies. Il les attaque sans hésiter et a la joie
de libérer 50 prisonniers.
Pour la
nuit, le Régiment est regroupé au Nord de la SCARPE, dans la région
BIAGHE-SAINT-WAAST.
Le 20 mai,
le 12e Cuirassiers reçoit la même mission de couverture au profit du
Corps de Cavalerie. A 4 heures, les patrouilles sont découplées en direction
de CAMBRAI et PÉRONNE. Mais l'ennemi a mis la nuit à profit pour amener des
renforts. Plus de 100 chars allemands venant de CAMBRAI se portent sur ARRAS.
La patrouille du Sous-Lieutenant SABATIER a reçu PÉRONNE pour objectif. En
dépit de cette situation nouvelle, SABATIER n'hésite pas, il poursuit sa
mission à VIS-EN-ARTOIS il s'ouvre le passage en détruisant un premier char : à
CHÉRIZY la patrouille se heurte à des chars lourds : Le conducteur de
l'automitrailleuse de tête est tué, mais deux chars ennemis sont détruits.
Rompant le contact, la patrouille s'échappe par un chemin de terre. Peu après à
800 mètres, au canon elle attaque une colonne d'automitrailleuses, de
fantassins portés et de motocyclistes, lui infligeant des pertes sévères et y
semant le plus grand désordre. Elle se heurte à de nouveau chars, les attaque
résolument mais, cette fois, l'auto-mitrailleuse de tête est détruite ; les
restes de l'équipage sautent dans la deuxième auto-mitrailleuse et la folle
chevauchée en direction de PÉRONNE reprend. Croisant à toute allure des
colonnes allemandes arrêtées, se frayant le passage au pistolet quand la
mitrailleuse s'enraye, bousculant, écrasant des motocyclistes ;
l'auto-mitrailleuse arrive à PÉRONNE, mais elle tombe dans la tranchée du canal
dont le pont sauté n'a pu être évité. L'équipage est fait prisonnier ; le
Maréchal-des-Logis Chef ROSSET, blessé, est retiré de force, alors qu'il essaye
de mettre le feu au véhicule.
De son côté,
la patrouille de l'Aspirant CHESQUIÈRE, axée sur CAMBRAI, est encerclée par
l'ennemi. Elle ne parvient à se dégager et à rallier que tard dans la nuit. Le
21, les Anglais décident de défendre ARRAS. La 3e Division légère
mécanique a pour mission de couvrir leur droite. Elle est regroupée dans la
région d'ANZIN couverte, face au Sud, par le 12e Cuirassiers.
Dès 10
heures du matin le contact est pris avec des éléments ennemis venant de l'Est.
Personne dans le secteur d'ARRAS ne se doutait alors que des détachements
légers allemands avaient atteint SAINT-POL, où ils bousculaient du reste les
trains du Régiment.
A midi les
Britanniques font connaître qu'ils vont attaquer en direction de CAMBRAI. La
Division liant son mouvement au leur, a mission de couvrir le flanc droit de
l'attaque sur l'axe WARLUS-HAMELINCOURT. Le 12e Cuirassiers fournit
diverses missions de renseignements et se tient prêt, en cas de percée, à
pousser sur BAPAUME.
L'attaque ne
donne pas les résultats qu'on avait pu espérer. En fin d'après-midi les
Franco-Britanniques n'ont pas dépassé la ligne VARLUS-BEAURAINS-TILLOY.
La journée a
encore été dure pour les patrouilles. Elles ont toutes été engagées même celle
du Sous-Lieutenant PAUME, envoyée, patrouiller entre SAINT-POL et FRÉVENT, en
vue du passage du Général WEYGAND qui doit se rendre du G.Q.G. au P.C. du
Général BILLOTTE. A SIBIVILLE elle attaque une colonne d'artillerie, détruisant
une quinzaine de tracteurs avec leurs canons et caissons. Les pertes infligées
à l'ennemi ce jour-là, suffisent du reste à prouver leur activité : sept chars,
une auto-mitrailleuse, treize voitures tout terrain, les canons d'une batterie
de 105, sans parler de trois colonnes d'artillerie qui ont été dispersées et en
partie détruites entre MARCEUIL et DUIZANS, par la patrouille NEVEUX, bientôt
soutenue par celle du Sous-Lieutenant GOLDSCHMIDT qui accourt au bruit de la
fusillade ;
à ETRUN, par
la patrouille de l'Aspirant GHESQUIERE ;
à SIBIVILLE,
par celle du Sous-Lieutenant PAUME.
Le 22,
l'attaque de la veille doit reprendre au matin, mais ce projet est abandonné
quand on apprend l'importance du débordement ennemi à l'ouest du dispositif. La
Division reçoit l'ordre de s'organiser, cette fois face à l'Ouest, sur la ligne
MARCEUIL-DAINVILLE. La défense de MARCEUIL et ETRUN est confiée au 12e
Cuirassiers qui doit fournir en plus des reconnaissances en direction de
SAINT-POL et AVESNES LE COMTE. L'ennemi occupe HAUTE AVESNES-ACQ. Il progresse
en direction de VILLERS-AU-BOIS. La situation du Régiment tourné par le Nord
devient critique, quand il est touché, vers midi par l'ordre de repli sur
MÉRICOURT (4 kilomètres Sud-Est de LENS).
Dans la nuit
du 22 au 23, le Colonel LEYER est convoqué par le Général PRIOUX, commandant le
Corps de Cavalerie. Il reçoit l'ordre de couvrir le Corps de Cavalerie, face à
l'Ouest, sur le front BÉTHUNE - NOEUX-LES-MINES - SOUCHEZ, et d'interdire à
l'ennemi, pendant toute la journée du 23, l'accès de la route BÉTHUNE-ARRAS.
Depuis le 10
mai, le Régiment a perdu les 3/5e de ses auto-mitrailleuses. Il est
réduit à 20 auto-mitrailleuses et 6 petits pelotons motos. Pour remplir cette
mission, il est renforcé d'un peloton de chars Hotchkiss du 2e
Cuirassiers et d'une Compagnie de chars d'infanterie qui ne rejoindra pas.
Le front à
tenir, sans esprit de recul, s'étend sur plus de 16 kilomètres. Les
renseignements sur l'ennemi sont inquiétants.
Le Régiment
est articulé en trois groupements :
- celui du
Sud à NOULETTE, aux ordres du Chef d'Escadrons GUIBOURD de LUZINAIS - celui du
Centre à NOEUX-LES-MINES, aux ordres du Chef d'Escadrons ALBESSARD - celui du
Nord à VERQUIGNEUL, aux ordres du Capitaine ROBELIN.
Ce
dispositif est réalisé au lever du jour. Des patrouilles sont poussées au contact
de l'ennemi. Avec l'aide de la population civile, les points d'appui sont
rapidement organisés. Certaines barricades s'élèvent jusqu'au 1er étage des
maisons.
La précision
des renseignements fournis par les patrouilles permet d'assister, de 7 heures à
10 heures, au glissement de forces allemandes du Sud-Ouest au Nord-Est, en
direction de NOEUX-LES-MINES et BÉTHUNE, puis de 10 heures à 12 heures, à la
miseen place d'une attaque, face à ces deux localités. Elle permet surtout au
Général PRIOUX, devant l'imminence de la menace, de prélever dans le secteur de
SOUCHEZ, qui ne semble pas menacé, les derniers chars de la Division, soit 9
Somua et 10 Hotchkiss, aux ordres du Capitaine de BEAUFORT, et de les mettre à
temps à la disposition du Colonel LEYER.
Il est midi
quand débouche l'attaque sur NOEUX-LES-MINES. Les chars du Capitaine de
BEAUFORT arrivent. Déjà les reconnaissances en vue d'une contre-attaque ont été
faites. Les chars s'élancent, neutralisent en un instant toutes les armes
anti-chars qui avaient été soigneusement repérées, clouent au sol les
fantassins ennemis, anéantissant des effectifs d'une valeur de deux Compagnies.
Encouragés par ce succès, ils poursuivent leur progression pour attaquer des
chars allemands repérés dans la région de BARLIN, mais cette fois ils se
heurtent à une deuxième ligne d'armes anti-chars. En cinq minutes, 7 Somua sur
9 sont mis hors de combat.
A 13 heures,
le Groupement Nord, violemment attaqué, est bousculé. Le Capitaine ROBELIN
réussit à se rétablir dans la région de LABOURSE. Le Groupement Sud n'est pas
inquiété sérieusement au cours de la journée.
Vers 16 h
30, l'attaque allemande repart en direction de NOEUX LES MINES - PETIT SAINS. A
nouveau elle est stoppée, à bout de souffle, aux lisières Est de ces deux
localités.
Quand
l'ordre de repli sur MONTIGNY-EN-GOHELLE arrive à 19 h, dans le secteur du
Régiment, l'ennemi n'a franchi la route ARRAS - BÉTHUNE qu'à VERQUIGNEUL, mais
il n'a pas pu en déboucher. Au prix de sacrifices nouveaux, la mission a été
remplie. La journée du 23 mai n'en comptera pas moins comme une des plus rudes
de la campagne pour ceux du 12e Cuirassiers.
Le 24 la
Division reçoit l'ordre de tenir le canal de la HAUTE DEULE entre PONT-A-VENDIN
et DOURGUES. Dans la matinée, le Régiment couvre le repli sur la nouvelle
position du 11e Régiment de Dragons portés qui tient depuis la
veille la voie ferrée LENS, PONT-AVENDIN, et est au contact sur plusieurs
points. Il passe l'après-midi au repos à WANAGNIES.
Le 25 il ne
fournit que quelques patrouilles sur le canal de la HAUTE-DEULE. La journée est
employée à mettre sur pied une nouvelle organisation du Régiment imposée par
les pertes subies depuis le 10 mai. Il est articulé en 2 escadrons de marche à
5 patrouilles mixtes chacun. Le Général de la FONT remplace, à la tête de la 3e
Division légère Mécanique, le Général LANGLOIS, appelé à prendre le
commandement du Corps de Cavalerie.
Le 26,
l'ennemi a franchi la DEULE de part et d'autre de PONT-AVENDIN, il déborde
CARVIN au nord et au sud. La situation est confuse. Le 12e
Cuirassiers reçoit l'ordre de renseigner dans le secteur limité au Nord par
BAUVIN et au Sud par OIGNIES. Les patrouilles sont découplées. Elles
fournissent toute la journée des renseignements précieux et joignent leurs
efforts à ceux des défenseurs de CARVIN et du bois d'EPINOY pour endiguer
l'avance allemande. On se bat aux portes de CARVIN quand parvient, à 19h30
l'ordre de repli au Nord de la Lys, que l'ennemi a déjà franchie de part et
d'autre de COURTRAI.
Le 27 la
Division est chargée de tenir la Lys, d'ARMENTIERES à la CROIX-DU-BAC. Le 12e
Cuirassiers reçoit l'ordre de chercher des renseignements et de reprendre le
contact de l'ennemi au plus loin, en direction du Sud, vers la
BASSÉE-FOURNES-WAVRIN. Cette mission est confiée à l'escadron RENOULT qui
reprend le contact au nord de la voie ferrée la BASSÉE-WAVRIN.
Vers 13h30,
le Corps de Cavalerie signale qu'au Sud-Ouest l'ennemi progresse en direction
de MERVILLE. L'escadron VALAT-MORIO est aussitôt chargé d'assurer la
surveillance des passages de la LAWE, entre LESTREN et VIEILLE-CHAPELLE. Là
aussi des contacts sévères sont bientôt pris. Ainsi, quand, le soir la
patrouille du Sous-Lieutenant KELLER ralliera LAVENTIE il ne lui restera plus
qu'une auto-mitrailleuse sur trois, et encore le canon de celle-ci est-il hors
d'usage et son blindage percé en plusieurs endroits.
Le 28, le
Régiment est chargé de tenir la Lys d'ARMENTIÈRES à SAILLY, et de chercher le
renseignement au Sud et à l'ouest, vers la FOSSE et LESTREM. Les patrouilles
prennent bientôt le contact. La pression s'accentue, particulièrement dans la
région BOIS-GRENIER FROMELLES, AUBERS. Elles mènent une action retardatrice
extrêmement sévère jusqu'à 16 heures, puis reçoivent alors l'ordre de se
replier au nord de la Lys. Elles portent à l'ennemi des coups cruels.
Elles-mêmes
subissent de lourdes pertes. C'est ainsi qu'à ROUGE-CROIX la patrouille KELLER
voit détruire tout ce qui lui reste de matériel. A ROUGE-DE-BOUT les 3
autos-mitrailleuses qui font partie des patrouilles NEVEUX et GOLDSCHMIDT ont
leur blindage percé, les équipages tués ou blessés.
Quand la
nuit tombe, les débris du Régiment se regroupe en autour de NIEPPE. Il reste 7
autos-mitrailleuses portant toutes les traces béantes du combat et une
cinquantaine de motos. La journée une fois de plus, a été rude, les équipages
harassés s'endorment lourdement. Les nouvelles qui parviennent au P.C., ne
laissent pas d'être inquiétantes :
- le pont
d'ESTAIRES n'a pas, sauté et est attaqué par des chars ;
- les
Allemands sont à ARMENTIÈRES, isolant la garnison de LILLE ;
- au
MONT-DES-CATS, défendu héroïquement par les Anglais et les restes de la 1ère
Division légère mécanique, la bataillé fait rage ;
- à l'est
d'ARMENTIÈRES, les brigades anglaises qui tiennent la Lys ont reçu ordre de se replier
dans la nuit ;
- les Belges
ont déposé les armes.
Le 12e
Cuirassiers est au fond de la poche, l'heure est angoissante. Vers 22 heures
parvient l'ordre de repli sur les dunes de la mer du Nord. Il s'effectue dans
des conditions difficiles en raison de l'embouteillage inextricable des routes.
Il dure toute la nuit et une partie de la matinée du 29. La plupart des
véhicules devront être abandonnés. Le 30, le Régiment se porte de GHYVELDE à
MALO-LES-BAINS.
Le 31, peu
avant l'ordre d'embarquement, paraît la citation
" Le 12e
Régiment de Cuirassiers, sous les ordres du Colonel LEYER, a splendidement
accompli toutes les missions de découverte et de combat qui lui ont été
confiées, apportant aux autres troupes de la Division une aide qui s'est
toujours montrée particulièrement efficace. Grâce à la formation d'un personnel
d'élite et malgré de lourdes pertes, a su conserver un moral élevé et une
ardeur combative magnifique."
Ordre N° 15/
C, le 30 mai 1940.
A sa lecture, un éclair d'orgueil et
d'espoir illumine les yeux brûlés par la poussière et l'insomnie, de ceux qui
sous le fier écusson du 12e, ont fait leur devoir sans compter. A 16
heures, sous un bombardement sévère, dans le plus grand calme, il embarque sur
deux bateaux anglais. Quelques heures plus tard il est à DOUVRES.
Le lendemain
matin, il quitte WEYMOUTH pour CHERBOURG. Il y débarque le 2 au matin. Le soir
même, il est à CONCHES où doit être réarmée la 3e Division Légère
Mécanique. Quelques jours plus tard le Général de la FONT la quitte pour
prendre le commandement de la 4e Division cuirassée ; elle passe
alors aux ordres du Général TESTARD.
Le 7 juin,
commence la dislocation du Régiment par le départ d'un petit détachement aux
ordres du Lieutenant VALAT-MORIO. Il va former à MONTLHÉRY l'ossature d'un
escadron léger anti-parachutistes qui sera rattaché 48 heures plus tard au
département de MELUN, puis la 23e Division d'infanterie avec
laquelle il terminera la campagne..
Le même
jour, en fin d'après-midi, on apprend que le Régiment va être réarmé, mais,
faute de matériel, ses effectifs seront extrêmement réduits.
Dans la
nuit, les éléments destinés à sa mise sur pied sont enlevés par camion et
transportés à GOMETZ-LA-VILLE. Le reste, momentanément stationné à CONCHES,
forme un détachement aux ordres du Chef d'escadrons GUIBOURD de LUZINAIS . . .
Sans armes,
à pied d'abord, par la voie ferrée ensuite, ce détachement gagnera SAUMUR où il
est en partie réarmé. Il est articulé en 3 patrouilles formées chacune de 1
Somua,1 side, 2 solos, et disposant de 1 fusil mitrailleur pour tout armement.
De la Loire à la Charente, elles n'en fourniront pas moins au Commandement des
renseignements précieux. Mal ou même pas armés, ceux du 12, jusqu'au 25 juin,
sans défaillance, continueront à servir la FRANGE.
A
GOMETZ-LA-VILLE, c'est au milieu de la consternation générale que le 12e
Cuirassiers apprend, le 8 juin, le départ du Colonel LEYER appelé à prendre le
commandement d'un groupement de 4 groupes francs dans la région de ROUEN. En
partant il laisse dans le cœur de chacun un souvenir que le temps n'estompera
pas. Le Chef d'Escadrons ALBESSARD le remplace à la tête du Régiment.
III - Du 9 Juin au 25 Juin Campagne de FRANCE.
L'après-midi
du 8 et le 9 sont consacrés à la mise sur pied du Régiment. Il est articulé en
2 Escadrons mixtes à 1 peloton de 3 automitrailleuses, 2 pelotons motos et 1
E.H.R. Alerté dans la nuit du 9 au 10, ses premiers éléments quittent GOMETZ à
14 heures pour le FRESNE. (4 kilomètres à l'est de CONCHES). Le soir même, il
fournit deux reconnaissances sur EVREUX et LOUVIERS. L'ennemi a franchi la
SEINE depuis la veille.
Le 11, pour
couvrir l'installation du 11e Régiment de Dragons portés sur le
plateau qui domine la rive gauche de l'Eure, le 12e Cuirassiers a
mission de renforcer la défense des lisières Nord de LOUVIERS et de tenir au
Sud de cette ville les ponts de PINTERVILLE et d'ACQUIGNY. L'ennemi occupe les
hauteurs qui surplombent l'Eure à l'Est. En dépit d'un bombardement intense
d'aviation et d'artillerie et d'infiltrations hardies, l'escadron GOLDSCHMIDT,
d'abord en liaison avec des éléments du 4e Régiment de Dragons
portés, puis seul, tiendra LOUVIERS jusqu'à ce qu'il reçoive, vers 21 heures,
l'ordre de repli.
Au Sud, dès
8 heures, la situation s'aggrave. Aucun des deux ponts n'a pu être détruit.
L'ennemi s'infiltre hardiment. A 9 heures, il attaque le pont de PINTERVILLE, à
10 heures celui d'ACQUIGNY. L'action est si chaude qu'en quelques minutés
l'Aspirant de SAINT-EXUPÉRY et 6 hommes de son peloton moto sont blessés. Sans
l'intervention d'un peloton Somua qui brise de quelques coups de boutoirs
l'élan de l'ennemi, la défense du pont d'ACQUIGNY aurait été submergée.
A midi,
quand l'escadron RENOULT reçoit l'ordre de décrocher et de retarder la
progression de l'ennemi sur l'axe ACQUIGNY - LES PLANCHES - AMFREVILLE, pour
couvrir le flanc droite de la Division, la situation est intenable.
Le repli du
peloton de VASSELOT sur le MESNIL-JOURDAIN est particulièrement difficile en
dépit des bois.
A 10 heures,
AMFREVILLE est attaquée à son tour. Là encore les pertes sont lourdes. Le
Sous-Lieutenant ERNY est blessé. Le Sous-Lieutenant du CHAZEAU, qui a pris le
commandement du point d'appui, réussira néanmoins à tenir jusqu'à 19 heures.
Le 12, le 11e
Régiment de Dragons portés se replie sur une nouvelle position. Une fois de
plus le Régiment est chargé de couvrir ce mouvement.
Le 13, après
avoir fourni l'arrière-garde de la Division qui se porte dans la forêt de
CONCHES, il assure l'après-midi des missions de renseignements à l'Est sur le
flanc découvert de cette unité.
Le 14, il
conserve la même mission de flanc-garde que la veille. Les patrouilles
signalent de fortes colonnes se portant sur la route EVREUX-CHARTRES. Le voile
se déchire. L'investissement de PARIS se dessine. L'après-midi, le Régiment
fournit l'arrière-garde du 11e Régiment de Dragons portés, qui se
porte sur GRANVILLIERS et DAMVILLE. A l'ouest de ces localités les patrouilles
prennent le contact d'éléments légers qu'elles bousculent.
Le 15, il
constitue l'avant-garde et l'arrière-garde de la Division qui se replie sur
LONGNY. Arrivé sur la nouvelle position, après avoir assuré un moment la
flanc-garde de la Division à l'Ouest, il est renvoyé vers le Nord pour
reconnaître et interdire les lisières Sud de VERNEUIL. Il s'y heurte à des
éléments ennemis important qui attaquent, mais n'ont pas réussi à déboucher à
20h30, quand parvient l'ordre de rallier LONGNY.
Le 16, le
Régiment accomplit diverses missions de couverture au Nord de LONGNY. Il est au
contact à la FERTÉ-VIDAME et MOULICENT.
Il passe la
nuit du 16 au 17 et celle du 17 au 18 à couvrir le repli de la Division de
LONGNY sur la MEME et de la MEME dans la région du MANS.
Le 18, le 19
et le 20 on le retrouve à l'arrière-garde, en flanc garde et à l'avant-garde de
la Division qui se porte du MANS sur ANGERS, puis au sud de la Loire à
CREZELLE, enfin dans la région de FENIOUX (20 kilomètres Nord de NIORT) où elle
a été envoyée en vue de contre-attaquer de flanc les colonnes ennemies qui ont
franchi le fleuve.
Le 21, à la
suite d'un contre-ordre, la Division fait mouvement vers le nord sur THOUARS,
éclairée par son régiment de découverte qui a mission de pousser jusque sur la
Loire. Le Sous-Lieutenant du CHAZEAU arrive à SAUMUR au moment où l'ennemi
commence à franchir le fleuve. Axée plus à l'ouest, la patrouille KELLER trouve
CHEMILLE occupé.
Vers 14
heures, envoyée sur MONTREUIL-BELLAY, la patrouille KELLER capture une dizaine
de cyclistes allemands à BRION. Par eux, KELLER apprend qu'une colonne
motorisée se dirige sur THOUARS. II ne dispose que de 2 automitrailleuses. Il
n'hésite pas, se lance à sa rencontre. La voici, elle est forte d'un bataillon
au moins ; sans ralentir, les deux blindées ouvrent le feu de toutes leurs
armes. La charge est menée à fond. La mort fauche à grand bras. Déjà les A.M.
ont parcouru plus de 1.500 mètres et la queue de colonne est en vue quand,
mortellement touchée, la voiture du Sous-Lieutenant KELLER en flammes verse
dans, le fossé.
Immobilisée
à son tour la deuxième voiture continue un combat inégal jusqu'à ce que toutes
les armes soient devenues inutilisables.
Sur les 8
membres de l'équipage, 3 ont été tués, 4 sont blessés, un seul sort indemne de
cette charge digne des sabreurs de LASSALLE. Sans parler des véhicules
détruits, l'assaut de ces deux blindées a coûté à l'ennemi plus de 200 hommes
hors de combat.
Nos morts
seront enterrés avec les honneurs militaires, et sur leur tombe un officier
allemand exaltera leur sacrifice et les citera en exemple.
Quand la
nuit tombe, le 12e, une fois de plus, a rempli sa mission ; grâce à
lui, sans être inquiétés, les Dragons portés de la Division. ont pu s'installer
sur leur position à 10 kilomètres au Sud de THOUARS.
Le 22 juin
trouve le 12e Cuirassiers posté en point d'appui à BRESSUIRE et
BOUSSAIS. La situation est des plus confuse. Les Allemands sont partout. Des
colonnes importantes défilent déjà sur la route POITIERS - NIORT. Au Nord, au
Sud, à l'Est, à l'Ouest, patrouilles ou liaisons rencontrent l'ennemi à chaque
instant. Des coups de feu partent de tous côtés, des prisonniers sont faits.
Quand, vers
19 heures, le Corps de Cavalerie, liant son mouvement à celui de l'Armée de
PARIS qu'il a mission de couvrir, décide d'exécuter son repli de nuit à travers
les colonnes ennemies, le Régiment tient les lisières nord du bois
d'ARMAILLOUX. Avec tout le Corps de Cavalerie, il franchit la route POITIERS -
NIORT entre deux colonnes ennemies, dans la nuit du 22 au 23.
Le 23, par
CIVRAY, il gagne LUXE.
Le 24, il
atteint CHALAIS à l'arrière-garde de la Division qui continue à couvrir vers
l'ouest, le repli de l'armée de PARIS. Dans cette dernière journée de la
campagne il a des contacts nombreux avec l'ennemi qui occupe déjà ANGOULÊME où
il s'est emparé des trains de la Division.
Quand
l'ordre de cesser le feu arrive, il vient de faire sauter la voie ferrée
BORDEAUX-PARIS.
Le 25, le
Régiment fait mouvement sur RIBERAC, CHALAIS se trouvant à l'Ouest de la ligne
de démarcation. Plus tard il gagnera JAVERLHAC, TARASCON et enfin ORANGE, sa
garnison définitive.
Si la
campagne dont nous venons de retracer les jours sombres fut courte, elle fut
rude. Elle prouva qu'en 1940 les Cuirassiers du 12e frappaient des
coups aussi durs que leurs ancêtres des périodes épiques.
Tout cet
héroïsme valut au 12e Cuirassiers de compter parmi les Régiments de
cavalerie de l'Armée de l'armistice.
A ORANGE, le
Régiment s'est reconstitué, en grande partie, au moyen d'éléments. venant de la
3e Division légère mécanique, sur le type des nouveaux Régiments Divisionnaires
: 3 groupes d'escadrons, le 1er monté, le 2e cycliste, le
3e mixte (A.M. et cycliste). Belle unité où tout de suite ont afflué
les engagés, il s'est mis au travail et garde précieusement avec les étendards
des 1er et 2e Cuirassiers, les traditions de la 3e
D.L.M.
Le 7 Octobre
1941, devant le Régiment massé à l'intérieur et sur le pourtour du Théâtre
Antique, dont les pierres dorées constituent un décor unique, le Général
HUNTZIGER épinglait à la cravate de notre étendard la Croix de Guerre au ruban
endeuillé : "Cet étendard promené depuis des siècles à travers les plus
légendaires champs de bataille, les plus belles des fastes françaises, dit-il
aux cuirassiers, sera pour vous un ami, un guide, un soutien. Il vous a menés
sur le chemin de l'honneur, c'est sur ce chemin que vous le suivrez
aveuglément, groupés autour du Maréchal, libérateur et rénovateur de notre
Pays." Le Régiment défila ensuite devant le Chef de notre Armée ; quelques
jours plus tard, le destin devait priver la FRANCE d'un de ses plus nobles
serviteurs
Les nuages
sont encore bien noirs sur la FRANCE au moment où, nous terminons ce récit.
Puisse-t-il contribuer à donner à nos Cuirassiers, à la lumière du passé,
confiance en leur Arme, en leurs Chefs, en la destinée de la Patrie immortelle
!
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